Auteur : Timothée de Fombelle Editeur : Gallimard Jeunesse Nombre de pages : 370 Prix : 17 € Parution : 2010 Paris, 1934. Devant Notre-Dame, une poursuite s'engage au milieu de la foule. Le jeune Vango doit fuir. Fuir la police qui l'accuse, fuir les forces mystérieuses qui le traquent. Vango ne sait pas qui il est. Son passé cache de lourds secrets. Des îles silencieuses aux brouillards de l'Écosse, tandis qu'enfle le bruit de la guerre, Vango cherche sa vérité. Ma note : 2.5/5 Présent dans ma PAL depuis au moins deux ans, je me suis enfin décidée à lire Vango. « La guerre... Les souvenirs de Zefiro mettaient de la chair et du sang derrière un mot. » Une des choses qui m’a le plus plu dans ce roman est le contexte historique. L’histoire a lieu pendant l’entre-deux guerre, juste avant la Seconde Guerre mondiale. L’ascension d’Hitler et du parti nazi est plutôt bien représentée, et Staline fait quelques apparitions ici et là. L’horreur de la guerre et du totalitarisme s’intensifie au fil des pages, mais reste tout de même un peu trop discrète. « Il grandit avec trois nourrices : la liberté, la solitude et Mademoiselle. A elles trois, elles firent son éducation. Il reçut d'elles tout ce qu'il croyait possible d'apprendre. » Je connaissais déjà l’auteur, ayant lu la duologie Tobie Lolness il y a quelques années. Je ne me souvenais toutefois pas de sa plume, qui ne m’avait pas marquée. Je l’ai donc, en quelque sorte, redécouverte. Simple et agréable à lire, elle nous entraîne dans des horizons lointains, donne une belle ambiance aux lieux, même si j’ai trouvé qu’il n’y avait pas tellement de descriptions3. Et l’humour que Timothée de Fombelle arrive à glisser dans le récit est superbe. Léger et naturel, c’est comme si les personnages ne cherchent pas à être drôles. Ils le sont, tout simplement. L’écrivain écrit au point de vue omniscient, dont il exploite la moindre parcelle de ses propriétés. Habituellement, je préfère le point de vue interne, mais j’avoue ici avoir été charmée. « – Je suis claustrophobe. – Enchanté. Moi, je suis paranoïaque. » Les personnages étaient très originaux et assez inhabituels, notamment Vango, amoureux de l’altitude. Toutefois, je n’ai pas vraiment aimé les personnages principaux. Ils sont très mystérieux, et j’ai été de nombreuses fois frustrée de ne pas comprendre leurs actions, ni la manière dont ils pensent. L’amie de Vango par exemple, je n’arrive pas du tout à la cerner. Elle est folle amoureuse de lui, alors qu’ils ne se connaissent que d’un voyage. C’est romantique, mais étrange. Par contre, j’ai adoré les personnages secondaires. Zefiro, et surtout Eckener. Tous deux aiment beaucoup Vango, et font leur possible pour un monde meilleur. Ils n’hésitent pas à être provocateurs envers ceux qu'ils considèrent comme cruels et mauvais. « Qui aurait pu dire ce qui allait se passer pendant l'exact temps de cuisson d'un œuf à la coque ? Trois minutes pour faire basculer le destin. » L’intrigue ne m’a pas tenue en haleine. Je m’attendais à quelque chose d’un peu plus haletant, ce qui m’a déçue. Vango est traqué d’un bout à l’autre du récit, mais à tel point que cela devient lassant. Les seuls moments de l’intrigue qui m’ont vraiment plu étaient lorsqu’Eckener était présent. Lors du voyage en zepplin(aérostat de type dirigeable rigide) principalement. Mon avis sur Vango est véritablement mitigé. Une belle écriture, mais une intrigue décevante.
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Auteure : Ava Dellaira Editeur : Michel Lafon Nombre de pages : 318 Prix : 16.95€ Parution : janvier 2015 « Je sais que May est morte. Je veux dire, j’en suis consciente mais j’ai l’impression que c’est pas pour de vrai. Qu’elle est toujours là, avec moi. Qu’une nuit, elle rentrera par la fenêtre après avoir fait le mur et me racontera ses aventures. Peut-être que si j’arrive à lui ressembler plus, je saurai mieux vivre sans elle. » À son arrivée au lycée, Laurel a comme premier devoir de rédiger une lettre pour un mort. Elle décide d’écrire à Kurt Cobain, et c’est ainsi que débute une année de correspondance à sens unique avec des acteurs, musiciens et poètes disparus, qui ont tous joué un rôle important dans la vie de la jeune fille. Au travers de ses lettres, elle dresse son propre portrait de lycéenne, celui de ses nouveaux amis, de son premier amour… Et révèle, surtout, comment elle parvient à surmonter la mort de sa sœur. Mais pour faire son deuil, Laurel devra se confronter au secret qui la tourmente et faire face à ce qui s’est réellement passé la nuit où May est décédée. Ma note : 3/5 Ce livre, ça faisait longtemps que j’hésitais à le lire. Sa couverture est absolument magnifique, et Emma Watson (noon je ne l’idolâtre pas du tout !) le recommande. Puis une amie super géniale (cc Chacha) me l’a prêté, avec nombres de menaces si je ne le rendais pas en parfait état. « Je n’arrêtais pas de penser à nos cœurs éperdus qui cherchent à atteindre les étoiles – et, par grand vent, aux risques de chute. » La plume d’Ava Dellaira, je l’ai adorée ! Tout d’abord, ce livre est uniquement composé de lettres épistolaires écrites à des morts. Un sujet original et inhabituel, qui aurait pu s’annoncer difficile à lire mais que l’auteure a rendu agréable. Ces morts sont pour la plupart des musiciens, dont Laurel raconte l’enfance, et cite presque chaque fois une chanson (quelques fois un poème) avant d’écrire à propos de ceux-ci. Elle commente la voix du chanteur, l’énergie qu’il fait passer, ce qu’elle ressent lorsque qu’elle l’entend, ou la plume du poète, la magie des mots, leur signification… Autant de moments que j’ai bien aimé. J’ai d’ailleurs écouté les chansons mentionnées en lisant. J’avais un peu l’impression qu’elles comblaient un blanc, qu’elles mettaient du relief à la lecture, alors que d’habitude le livre seul suffit. « Dans l’art de perdre il est aisé de passer maître. » Tout le roman tourne seulement autour d’une seule chose : la perte de May, la sœur de Laurel. Au début, je croyais m’être spoilé sa mort et sa dernière lettre en lisant le résumé. Mais non. C’est juste que toute l’histoire gravite autour d’un seul sujet, qu’elle n’avance pas vraiment avant la fin. Je n’aime pas trop quand les récits stagnent, là c’était parfois pénible. De nombreux souvenirs peuplent le livre, une bonne idée, mais j’ai trouvé qu’il y en avait un peu trop. Même si le thème principal était un peu bâclé, j’ai trouvé l’arrière-plan bien travaillé. Notamment ses relations avec amis et famille. « Laurel ; tu n’aurais pas pu sauver ta sœur. Ma belle, c’est toi que tu dois sauver. Fais-le pour moi, d’accord ? Parce que tu le mérites. » Je n’ai pas vraiment apprécié le personnage principal, Laurel. Elle se remet en question sans cesse, et se compare tout le temps à sa sœur. Elle veut tout faire comme elle, j’ai parfois eu l’impression que ce n’était pas de l’admiration, mais plus, presque de l’idolâtrie. Ce qui m’a rendu Laurel peu attachante, j’avais l’impression qu’elle ne vivait que pour sa sœur… Néanmoins, j’ai bien aimé les personnages secondaires. Autant ses amis que son père. Sa mère m’a par contre agacée à de nombreuses reprises. Et son copain est juste génial. C’est un bon roman, dont le fond pourrait être mieux mais la forme est fabuleuse. A lire avec du Nirvana, The Doors, Amy Winehouse et Guns and Roses en arrière-plan sonore. Auteur : Elsie Chapman Editeur : Lumen Nombre de pages : 346 Prix : 15€ Parution : 16 mars 2014 Dans la ville fortifiée de Kersh, avant d’atteindre son vingtième anniversaire, chaque citoyen doit éliminer son Alter ego, un jumeau génétiquement identique, élevé dans une autre famille. Le compte à rebours se déclenche un beau matin, et chacun a trente petits jours pour affronter son autre moi. West Grayer est fin prête. Elle a quinze ans, et s’entraîne depuis des mois et des mois pour affronter son Alt. Survivre, c’est accéder à une vie normale, terminer ses études, avoir le droit de travailler, de se marier, de mettre au monde des enfants. Mais un grain de sable imprévu vient gripper la machine, et West se met à douter : est-elle vraiment la meilleure version d’elle-même, celle qui mérite un avenir ? Pour rester en vie, elle doit cesser de fuir… son double d’abord, mais aussi ce qu’elle ressent, et qui a le pouvoir de la détruire. Ma note : 3/5 Intriguée par la couverture et le résumé, je l'ai acheté sans préméditation, sur un coup de tête. Bon. Mon avis est assez mitigé. « Remportez la victoire, méritez votre place. » Ce roman est une dystopie, c'est-à-dire une fiction dans laquelle est peinte une société difficile ou impossible à vivre, dont les défauts sont dénoncés. Entre 10 et 20 ans, chaque personne doit tuer son double. Ainsi, elle prouve à la société qu'elle est forte, et obtient sa place. Le but est que chaque habitant devienne un soldat et puisse ainsi, au moindre problème, se battre contre l'extérieur de la ville, en guerre. Un système écœurant, qui n'est pas sans rappeler celui de la trilogie Hunger Games. Je trouve que l'auteure n'a pas assez développé ce système, trop concentrée dans l'intrigue. Ce que je regrette. Ainsi, en lisant, prise par l'écriture et la vitesse du récit, je n'ai pas beaucoup fait attention à la technologie futuriste décrite. J'ai bien aimé cette dimension guerrière de la vie à Kersh, lorsqu'elle suit des cours en tous genres de combats. Par contre j'ai été déçue que ces cours n'aient pas vraiment été décrits. On a beaucoup d'informations sur les armes aussi ; duels et luttes peuplent les pages du roman. L'action est très présente, sans compter les traques, filatures et recherches de planques où passer la nuit qui ont vraiment donné vie au roman. « Comment se fait-il que je crois autant en toi, alors que tu ne crois pas en toi-même ? » Concernant West, je ne l'ai pas toujours aimée. Au tout début, on voit sa force et sa détermination. Mais très vite, suite à la perte d'une personne chère à ses yeux, elle se met à tout remettre en question. Ses pensées, sa logique est confuse et je ne me suis pas du tout attachée à elle. Elle repousse l'aide de la seule personne qui lui reste, réaction que j'ai trouvé idiote et irréfléchie. Et elle fuit. Elle est également illogique : tuer ne lui fait pas peur, mais lorsqu'il s'agit de son Alter-ego, elle hésite. Peut-être parce qu'en tuant son double, on détruit une part de soi-même ? Je n'ai pas très bien compris. Comme si l’auteur avait ébauché ce caractère psychologique, mais sans le mener au bout. Par contre, j'ai vraiment aimé le personnage secondaire. Toujours là pour West, et malgré son refus de soutien, il l'a tout le temps aidée. Parfois il se mettait en colère contre elle, ou était agacé – comme moi –, mais lui pardonnait à chaque fois. « Tu ressens tout trop fort, et trop souvent. Je crois que tu ne sais pas comment ne pas le faire. » En ce qui concerne la plume de l'auteur, je ne l'ai pas vraiment appréciée. Elle est très simple, voire banale, sans originalité. De plus, le récit est assez confus au début. Je croulais sous les informations que je n'avais pas le temps d'assimiler. J'ai dû relire quelques passages pour bien tout comprendre, ce qui m'a un peu déconnectée du récit. Toutefois, la fin rattrape le reste du roman : alors que la première partie avait des périodes lentes et cafouilleuses ; la seconde partie est terriblement prenante, rapide est claire. J'ai dû faire un effort pour lire tous les paragraphes sans en sauter tellement je voulais connaître la suite. Quelques flash-back et souvenirs interrompent parfois l'histoire. Cela m'a permis de faire une pause, et parfois de reprendre mon souffle lorsque l'aventure devenait trop haletante. Ces souvenirs permettent aussi de comprendre à quel point West tenait à sa famille, et que celle-ci lui manque. En résumé, un roman addictif et haletant, mais à l’univers pas assez développé et avec un personnage principal peu attachant. Auteur : Benjamin Alire Sàenz Editeur : Pocket Jeunesse Nombre de pages : 358 Prix : 17.90€ Parution : 18 juin 2015 Ari, quinze ans, est un adolescent en colère, silencieux, dont le frère est en prison. Dante, lui, est un garçon expansif, drôle, sûr de lui. Ils n'ont a priori rien en commun. Pourtant ils nouent une profonde amitié, une de ces relations qui changent la vie à jamais... C'est donc l'un avec l'autre, et l'un pour l'autre, que les deux garçons vont partir en quête de leur identité et découvrir les secrets de l'univers. Ma note : 4/5 Ce livre était à la base un cadeau pour une amie, j’en ai profité pour le lire. J’avais entendu beaucoup d’avis positifs à son propos, c’est pour cela que je l’ai choisi. Je ne regrette aucunement. « - On t'a déjà dit que t'étais pas normal ? D'où est-ce que tu débarques ? - Une nuit, mes parents ont couché ensemble. » Dès le début, j’ai été marquée par l’ardeur, l’énergie et la puissance des dialogues. Réactions inattendues et répliques surprenantes rythment le roman. C’est vraiment quelque chose qui m’a immédiatement fait rentrer dans l’histoire, qui m’a happée dans l’intrigue ; alors que cela arrive rarement d’habitude. La plume de B. A. Sàenz est très simple et fluide. J’ai trouvé que le roman se lisait un peu trop vite, à mon grand malheur : je n’avais pas envie d’arriver au bout. Sa façon d’écrire est assez poétique, enrichissante – j’ai relevé quelques mots que je ne connaissais pas – et amusante. D’un humour spécial, recherché mais assez naturel. L’auteure arrive à faire passer sentiments, émotions, pensées et réflexions de manière spontanée. Il ne recherche pas une beauté artificielle ni un sens caché. Il est tout simplement direct. Ce qui rend le récit rafraichissant et limpide comme un ciel étoilé au milieu du désert. « Je me suis dit que les poèmes étaient comme les gens. On en comprend certains immédiatement, d'autres jamais. » Les personnages sont fragiles, ils sont humains. Chacun a ses forces et ses faiblesses, ainsi l’on peut facilement s’y identifier. J’ai beaucoup apprécié les parents des personnages éponymes, surtout ceux d’Ari, car ils sont très développés sur le plan psychologique. Les liens familiaux sont eux aussi très présents, comme on peut le voir à la complicité parents/enfants. Tous les personnages sont complexes, et des éléments qui peuvent à premières vue sembler banals leur donnent une véritable profondeur. Par contre je ne me suis pas tellement attachée à eux. Peut-être à cause de la rapidité du récit, et malgré l’identification facile. En tout cas, même si j’ai clairement ressenti leurs émotions, elles ne se sont pas mélangées aux miennes. « Un autre secret de l’univers : parfois, la douleur est comme une tempête venue de nulle part. La matinée la plus ensoleillée peut se conclure pas un orage. Par des éclairs et du tonnerre. » L’adolescence, l’amitié, l’homosexualité et la famille sont des sujets qui m’ont plu. On retrouve par exemple Ari qui se pose beaucoup de questions. Sur son corps, ses changements, l’alcool, le tabac, le sexe, la drogue, l’amour, la mort, les personnes qui manquent, l’amitié, les passions… Autant de pensées qui sont entrées, pour la plupart, en résonnance avec les miennes. « Parfois, cela paraît trop douloureux de regarder certaines choses. Alors, on ne les regarde pas. Mais elles ne s’effacent pas pour autant. » Dans ce livre aussi, on fait mention de musique. On retrouve par exemple les Beatles, ou Ritchie Valens avec La Bamba. De plus en plus d’auteurs recourent à des références musicales, pour plonger parfaitement le lecteur dans le livre, qui s’accorde avec le style de la chanson. Avec moi, c’est quelque chose qui marche totalement. Il m’arrive parfois de mettre mes écouteurs et lancer le titre cité, emportée par les sons et les mots qui défilent à mes oreilles et devant mes yeux. Ce fut un beau livre, rapide et addictif. Auteur : Pierre Bottero Editeur : Rageot Poche Nombre de pages : 281 Prix : 7.50€ Parution : 2003 La vie de Camille, adolescente surdouée, bascule quand elle pénètre par accident dans l’univers de Gwendalavir avec son ami Salim. Là, des créatures menaçantes, les Ts’liches, la reconnaissent sous le nom d’Ewilan et tentent de la tuer. Originaire de ce monde, elle est l’héritière d’un don prodigieux, le Dessin, qui peut s’avérer une arme décisive dans la lutte de son peuple pour reconquérir pouvoir, liberté et dignité. Épaulée par le maître d’armes de l’empereur et un vieil érudit, Camille parviendra-t-elle à maîtriser son pouvoir ? Ma note : 4/5 Pierre Bottero et moi, c’est une histoire d’amour depuis bien longtemps. A sens unique. Mais bon. Je suis totalement sous le charme de sa plume. Ça faisait longtemps que je n’avais pas relu cette trilogie, alors je me suis fait le premier tome. Et comme d’habitude, il m’a fascinée. « Camille laissa dériver ses pensées au gré de ce qu'elle venait d'apprendre. Elle avait l'impression que sa vie était un puzzle immense dont toutes les pièces étaient mélangées. Impossible d'avoir une idée de son dessin final. » La Quête d’Ewilan, c’est tout d’abord une idée de génie : Gwendalavir ; et ce monde parallèle à celui que nous connaissons. Un univers palpitant, plein d’actions et de surprises. Des guildes sombres et puissantes, des ennemis résistants et rusés, des fauves féroces et sauvages. De l’inconnu à chaque tournant, de l’étonnement sur tous les chemins. On a beau arpenter la piste, monter dans les niveaux, débloquer les verrous, l’inconnu nous fera toujours face. Une création suivie d’une idée encore plus brillante : l’Imagination. Se représenter des dessins, puis les faire basculer dans la réalité. Un concept éclatant, réfléchi, et créatif. Qui en fait rêver plus d’un. Dont moi. « -Et voilà ! s’exclama-t-il, elle recommence. Tu veux que je te l’écrive en alexandrins sur un papier de notaire ? Si tu pars, je pars. Où tu vas, je vais, même au fond du fleuve. Alors arrête de dire des bêtises. » A ce monde s’ajoute des personnages merveilleux, et très vite attachants. Dès les premières pages, on se prend d'affection pour les héros, tous complémentaires. Rôdés au combat, vieux mais savants, jeunes et énergiques, réservés cependant bienveillants, bavards ainsi que francs. Ou, dans la catégorie des « méchants », froids et sévères, dominateurs et rusés, idiots et brutes, intelligents et meurtriers. J'ai adoré tout le petit groupe de personnages partant ensemble pour une quête . Tous sont enjoués, arrivent à faire face aux dangers, tout en gardant une certaine bonne humeur. Peut-être un petit peu trop, j'ai parfois eu l'impression d'une trop grande légèreté de leur part ; comme s'ils pensaient que la mort ne les atteindrait jamais. Mais peu après que j'ai eu ces pensées, un peu d'indécision, de frayeur ou d'abattement sont apparus. Le balancement des émotions était donc harmonieux, même s'il était parfois frugalement en retard. J’ai également été touchée par cette bonté que décrit l'auteur, et qu'ont les habitants, autant de Gwendalavir que de notre monde. Un SDF, par exemple, qui n'a rien excepté quelques livres leur a proposé de les abriter dans sa « foutue planquette ». Ce n'est pas grand-chose, peut-être, mais j'ai trouvé cela émouvant. « - Je me sens sale et aussi reposée que si j'avais dormi dans une essoreuse à salade. - C'est à peu près ça, ma vieille, sauf que tu ne ressembles pas à une laitue. Par contre, je suis d'accord, tu es vraiment sale. Et pour être complètement honnête, tu ne sens pas très bon non plus. » Comme on dit, le meilleur pour la fin : la plume de Bottero. Elle est absolument fabuleuse. Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de lire un de ses livres, c'est un grand malheur auquel il faut absolument et immédiatement remédier. Si c'est le cas, vous avez dû vous régaler. Bottero mélange un lexique riche et varié, un vocabulaire précis, un langage assez soutenu, différents registres et des phrases lyriques. Le résultat est époustouflant. Il alterne réflexions des personnages, dialogues, descriptions et actions à la perfection, d'une façon superbement équilibrée. Son style est rafraîchissant au possible. Ce premier tome, créatif, nous plonge totalement dans un doux et joyeux récits. Si ce livre était un chemin, il passerait par une grande variété de paysages, plus beaux les uns que les autres, dans lesquels chacun se sentirait à son aise. Seul défaut : la route serait trop courte, et le bout arriverait trop vite. Auteur : Markus Zusak Editeur : XO Editions Nombre de pages : 527 Prix : 19.90€ Parution : 2007 ♥ Coup de Cœur ♥ Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne Nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres... Ma note : 5/5 Depuis longtemps dans ma Pile à Lire, j’étais plutôt réticente à le commencer. Mais des amis l’avaient lu pour le cours de français et avaient bien aimé, alors qu’ils n’aiment pas tellement lire. Je m’y suis donc mise, curieuse... « Il s’est tué parce qu’il voulait vivre. » Le début de l’histoire était plutôt lent, je n’étais pas prise par le récit. Mais il m’intriguait tout de même. Je me suis donc accrochée, et, peu à peu, les phrases ont défilé sous mes yeux. De plus en plus vite, comme dans un wagon de montagnes russes : doux au démarrage, puis hyper rapide, dont quelques temps en apesanteur, le souffle coupé. Et quand on en ressort, on est chamboulé, un sourire jusqu’aux oreilles, le cœur palpitant toujours. « Parfois, ça me tue, la façon dont les gens meurent. » La plume de Markus Zusak est fabuleusement originale. Sa manière d’écrire, pleine de figures de style créatives, de jeux de mots ironiques, de paradoxes contradictoires et de remarques pertinentes, s’allie à une écriture crue et sèche lorsqu’il décrit les massacres de façon écœurante. Réunis avec la narratrice, la Mort elle-même, le résultat est simplement incomparable. « Imaginez que vous deviez sourire après avoir reçu une gifle. Imaginez maintenant que vous deviez le faire vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Voilà ce que cela impliquait, de cacher un juif. » Le grand thème du roman, c’est la Mort. Tout de suite après viennent la guerre, l’Allemagne, l’antisémitisme et le nazisme. Le roman commence en 1939. On suit donc toute la progression de la Seconde Guerre mondiale. Communistes tués, juifs cherchant à se cacher mais finalement déportés, hommes envoyés au front, brigades de jeunes, rationnement, vol pour manque de nourriture… En plus d’être passionnant et historique, le roman est également instructif : des définitions de mots allemands coupent parfois les pages, en parallèles avec les pensées d’Elsa. Pour moi qui ai pris l’allemand comme deuxième langue vivante, j’ai trouvé cela habile. J’ai retenu quelques mots, que je n’hésiterai pas à placer discrètement dans un DS. « Il me touche, ce gamin. A chaque fois. C'est son seul défaut. Il me fend le cœur. Il me fait pleurer. » De nombreuses émotions sont également transmises, notamment la violence et la douleur, la tristesse et la colère. La compassion et l’injustice, la solitude et la bonté. Au fur et à mesure que les mots glissent sous nos yeux, ces sensations se décuplent et deviennent de plus en plus virulentes. Le regard se brouille, les larmes viennent naturellement aux yeux. « Max releva la tête, avec une tristesse infinie mêlée d’étonnement. « Il y avait des étoiles, dit-il, elles m’ont brûlées les yeux. » » Les personnages sont vraiment attachants. Et immensément touchants. Surtout le meilleur ami de Liesel, Rudy. Pour ne citer que lui. Je les ai vraiment, tous, adorés. L’auteur ne jugeait pas du tout ses personnages. Là, on le voyait vraiment. Ils ont des défauts, mais c’est comme si chacun acceptait totalement l’autre, sans agacement ni énervement. Les personnages principaux étaient parfois en colère, mais jamais envers leurs amis ou leur famille. Toujours contre le destin, ou bien contre eux-mêmes. Altruistes, généreux, affables, bienveillants, dévoués, miséricordieux. Ce sont des qualités que l’on retrouve chez eux, qui m’ont émue. Elles rendent comptent des états d’esprit lorsqu’il faut se serrer les coudes. Mentalités qu’aujourd’hui, beaucoup ont oublié ; et que personne n’a autant qu’eux. On retrouve aussi une complicité débordante entre ces personnages. On se rend compte à quel point ils sont proches, à quel point leurs liens sont forts. C’est quelque chose de vraiment frappant. Vous cherchez un livre émouvant, original et tant qu’à faire historique ? Vous l’avez trouvé, c’est celui-ci. Auteur : Nathalie Nothomb Editeur : Le Livre de Poche Nombre de pages : 186 Prix : 5.50€ Parution : mai 1999 Mais que diable Amélie-san allait-elle faire dans cette galère ? C'est la question qu'on se pose en découvrant l'invraisemblable traitement auquel la jeune narratrice, double à peine voilé de l'auteur, est confrontée lors d'un emploi de quelques mois au Japon. Embauchée par la compagnie Yumimoto, Amélie espère bien pouvoir faire ses preuves dans ce pays qui la fascine tant depuis qu'elle y a séjourné enfant. C'est sans compter sur la subtilité des règles tacites qui régissent la société japonaise, sans compter encore sur le mépris de Mlle Mori, sa supérieure. Les humiliations et les vexations se succèdent et la soumission s'installe : Amélie pensait être traductrice, elle finira dame pipi de l'entreprise… Ma note : 3/5 M’intéressant au Japon, ma mère m’a conseillé ce livre qui en parle. Enfin, principalement de ses sombres aspects. « L’argent, chez Yamamoto, dépassait l’entendement humain. A partir d’une certaine accumulation de zéros, les montants quittaient le domaine des nombres pour entrer dans celui de l’art abstrait. » Amélie-san, c’est une jeune belge qui a intégré une entreprise japonaise, Yamamoto, pour un an, postulant comme traductrice. Mais voilà qu’elle se retrouve employée à ne rien faire. Quand enfin ses supérieurs directs lui donnent un travail – complètement opposée à la fonction qu’elle devrait avoir –, elle le foire. Doucement, elle descend dans les profondeurs des échelons de la hiérarchie. Souvent, on ne connaît le Japon que par sa culture. Mangas, dramas, animés, Jmusic et autres, cette culture nous fascine. Amélie Nothomb, dans son roman et avec son humour hyperbolique, nous montre que les apparences ne sont pas toujours ce que l’on croit. Ainsi, l’auteure dénonce la hiérarchie japonaise dans toute sa laideur, la passion incompréhensible de ses habitants pour le travail. La légère mais toutefois présente discrimination envers les Occidentaux. Elle y va sans douceur, virulente, comparant une dispute d’un supérieur à un viol. Mais lorsque l’on est en bas de la pente, on ne peut que se faire regarder de haut par ses gens à l’esprit de supériorité tellement développé. Sans rien faire, car on leur est inférieur. C’est le message qu’elle passe, racontant sa vie dans l’entreprise et la jalousie de chacun. « Le Japon est le pays où le taux de suicide est le plus haut, tout le monde le sait. Pour ma part, ce qui m’étonne, c’est qu’il ne soit pas plus fréquent. » Amélie, au début, est plutôt fière et indisciplinée, quoique naïve. Intelligente, elle se bat pour obtenir son vrai poste. Elle est amusante aussi, à imaginer pourquoi les Japonais sont si figés et leur inventant une enfance qui leur exclut le bonheur de la vie. Mais plus la lecture avance, plus son moral baisse. Elle devient maladroite, distraite, idiote, superficielle, et surtout soumise. Face à a société, elle ne peut plus se battre. Elle abandonne. Certains personnages m’ont vraiment dégoûtée, et je dois avouer que je ne portais pas Amélie dans mon cœur. Sa supérieure, Mori Fubuki, tellement cruelle, qui a annihilé toutes possibilités de promotion pour elle et qui se fait un tel plaisir de l’enfoncer encore plus bas, elle l’admire, victime d’une adoration superficielle. Même si cela était sûrement encore l’humour noir de l’auteur, qui s’amusait à tourner Amélie de la façon la plus pathétique possible, cela m’a tapé sur les nerfs. Elle vénère cette Mori uniquement pour sa beauté, et est prête à tout lui pardonner juste pour contempler son visage. Tellement frustrant ! « Mon esprit n’était pas de la race des conquérants, mais de l’espèce des vaches qui paissent dans le pré des factures en attendant le passage du train de la grâce ? Comme il était bon de vivre sans orgueil et sans intelligence. J’hibernais. » La plume de l’auteure est singulière. Simple, fluide et cynique. Totalement crue. Pleine de phrases qui m’ont atomisé le cerveau et poussée à la réflexion. Elle a vraiment un humour noir, aussi sombre que les chiffres pythagoriens qu’elle écrit de son encre carbone. Mais vraiment. Son écriture est crue, elle n’hésite pas à entrer dans l’autodérision en se rabaissant de manière cruelle. N’ayant pas l’habitude de lire des romans tels celui-ci, cela m’a beaucoup marquée. L’écriture à la première personne du singulier ajoutée au tout, le mélange donne un roman qui nous fait éprouver des émotions surprenantes. Un étonnement à des moments les plus inattendus, de la pitié, de la colère, de l’injustice et, évidemment, il provoque aussi la réflexion. Ce livre est bien sinistre. Mon premier Amélie Nothomb, et pas le dernier. A lire si vous vous sentez trop optimiste. Auteur : John Green Editeur : Gallimard Jeunesse Nombre de pages : 416 Prix : 15€ Parution : 17 mars 2011 Miles Halter, c’est ce garçon bon élève et solitaire. Il ne s’encombre pas d’amitiés inutiles, il vit juste un peu. En faisant ce qu’on attend de lui et avec ses dernières paroles. Mais il décide de viser plus grand, de vivre vraiment. Alors il change de lycée. En compagnie d’Alaska et du Capitaine, Miles – alias Le Gros – découvre le « Grand Peut-Etre » et commence enfin à vivre. Tout se passe pour le mieux, jusqu’à CE jour, qui le change complètement. Ma note : 4/5 Ce roman, beaucoup d’amis m’en avaient parlé. Leurs avis étaient vraiment mitigés, avec néanmoins une tendance vers le positif. Comme John Green est un des auteurs que je préfère, et qu’en plus ce livre est le premier qu’il a écrit, je me suis dit : Pourquoi ne pas me faire mon propre opinion dessus ? Et je l’ai acheté. « Vous fumez par plaisir. Moi, c’est pour mourir. » Comme d’habitude, les personnages de Green sont réalistes. Ils ont des qualités, mais aussi nombre de défauts ; ce ne sont pas ces superhéros parfaits qu’on peut voir dans certains livres. Ainsi, on s’y identifie très facilement. Et l’on remet en question le monde, tout en apprenant et découvrant de nouvelles facettes de l’humanité. Ce qui frappe, c’est la franchise. L’écrivain ne s’embête pas de mots inutiles. Il met des phrases là où il faut, nous fait réfléchir. Le récit tourne autour de dernières paroles. Green a transféré sa passion à son protagoniste. Ainsi, il nous fait partager ses émotions, ses questions et ses réflexions. Il nous fait héritiers de ses pensées, nous fait suivre son parcours pour pouvoir, tous, les méditer. Et partir en quête d’une réponse. Toutefois, le livre ressemble beaucoup à La face cachée de Margo. L'ayant lu il y a peu de temps, cette similitude - notamment entre les personnages - m'a beaucoup déçue. « Alors je suis retourné dans ma chambre et je me suis écroulé sur mon lit, en me disant que si les gens étaient de la pluie, j'étais de la bruine et elle, un ouragan. » Miles, c’est ce type d’ado discret, qui attendait le changement. Il l’a trouvé en Alaska. Alaska, c’est ce genre de fille qui balaie tout sur son passage. Comme un aimant, elle attire les gens et les regards. Elle fait ce qui lui plaît, sans se soucier des conséquences. C’est un génie à sa manière. A côté d’eux, on a ces autres personnages, chacun avec sa dignité, son identité et sa personnalité. Ils apportent cette petite touche qui pimente le récit, qui donne vraiment envie de le lire. « Comment allons-nous sortir de ce labyrinthe de souffrance ? » Green nous plonge vraiment dans la vie de lycéens. Soirée, cours, famille, amis et clopes. Rap, jeux, action ou vérité. Mort, déception, divorce. Vérité cachée, farces, complicité. Ce livre couvre d’innombrables sujets, de façon plus ou moins étendue, mais en apportant toujours un petit quelque chose. Le récit est divisé en deux parties : « Avant » et « Après ». Tout ce qu’il y a de plus intriguant. La découverte du moment qui les délimite est vraiment exceptionnelle. Mais j'ai trouvé que la partie "Anat" n'était pas pass prenante. A quelques moments, j'ai eu envie de poser le livre et de passer à un autre car je m'en lassais un peu. « On passe sa vie coincé dans le labyrinthe à essayer de trouver le moyen d'en sortir, en se régalant à l'avance à cette perspective. Et rêver l'avenir permet de continuer, sauf qu'on ne passe jamais à la réalisation. On se sert de l'avenir pour échapper au présent. » La plume de l’auteur est très fluide et aisée à lire. Légère, elle fait sourire et même quelques fois rire. Emouvante également. D’une émotion à l’autre, elle nous balade au gré de ses caprices. En lisant ce roman, on est pris dans une montagne russe de sentiments. Montées et descentes se succèdent à grande vitesse, entraînantes, sans se soucier de savoir si le lecteur a le vertige ou non. Pour résumer en un seul mot : intense. |
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Novembre 2016
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