Auteur : Nathalie Nothomb Editeur : Le Livre de Poche Nombre de pages : 186 Prix : 5.50€ Parution : mai 1999 Mais que diable Amélie-san allait-elle faire dans cette galère ? C'est la question qu'on se pose en découvrant l'invraisemblable traitement auquel la jeune narratrice, double à peine voilé de l'auteur, est confrontée lors d'un emploi de quelques mois au Japon. Embauchée par la compagnie Yumimoto, Amélie espère bien pouvoir faire ses preuves dans ce pays qui la fascine tant depuis qu'elle y a séjourné enfant. C'est sans compter sur la subtilité des règles tacites qui régissent la société japonaise, sans compter encore sur le mépris de Mlle Mori, sa supérieure. Les humiliations et les vexations se succèdent et la soumission s'installe : Amélie pensait être traductrice, elle finira dame pipi de l'entreprise… Ma note : 3/5 M’intéressant au Japon, ma mère m’a conseillé ce livre qui en parle. Enfin, principalement de ses sombres aspects. « L’argent, chez Yamamoto, dépassait l’entendement humain. A partir d’une certaine accumulation de zéros, les montants quittaient le domaine des nombres pour entrer dans celui de l’art abstrait. » Amélie-san, c’est une jeune belge qui a intégré une entreprise japonaise, Yamamoto, pour un an, postulant comme traductrice. Mais voilà qu’elle se retrouve employée à ne rien faire. Quand enfin ses supérieurs directs lui donnent un travail – complètement opposée à la fonction qu’elle devrait avoir –, elle le foire. Doucement, elle descend dans les profondeurs des échelons de la hiérarchie. Souvent, on ne connaît le Japon que par sa culture. Mangas, dramas, animés, Jmusic et autres, cette culture nous fascine. Amélie Nothomb, dans son roman et avec son humour hyperbolique, nous montre que les apparences ne sont pas toujours ce que l’on croit. Ainsi, l’auteure dénonce la hiérarchie japonaise dans toute sa laideur, la passion incompréhensible de ses habitants pour le travail. La légère mais toutefois présente discrimination envers les Occidentaux. Elle y va sans douceur, virulente, comparant une dispute d’un supérieur à un viol. Mais lorsque l’on est en bas de la pente, on ne peut que se faire regarder de haut par ses gens à l’esprit de supériorité tellement développé. Sans rien faire, car on leur est inférieur. C’est le message qu’elle passe, racontant sa vie dans l’entreprise et la jalousie de chacun. « Le Japon est le pays où le taux de suicide est le plus haut, tout le monde le sait. Pour ma part, ce qui m’étonne, c’est qu’il ne soit pas plus fréquent. » Amélie, au début, est plutôt fière et indisciplinée, quoique naïve. Intelligente, elle se bat pour obtenir son vrai poste. Elle est amusante aussi, à imaginer pourquoi les Japonais sont si figés et leur inventant une enfance qui leur exclut le bonheur de la vie. Mais plus la lecture avance, plus son moral baisse. Elle devient maladroite, distraite, idiote, superficielle, et surtout soumise. Face à a société, elle ne peut plus se battre. Elle abandonne. Certains personnages m’ont vraiment dégoûtée, et je dois avouer que je ne portais pas Amélie dans mon cœur. Sa supérieure, Mori Fubuki, tellement cruelle, qui a annihilé toutes possibilités de promotion pour elle et qui se fait un tel plaisir de l’enfoncer encore plus bas, elle l’admire, victime d’une adoration superficielle. Même si cela était sûrement encore l’humour noir de l’auteur, qui s’amusait à tourner Amélie de la façon la plus pathétique possible, cela m’a tapé sur les nerfs. Elle vénère cette Mori uniquement pour sa beauté, et est prête à tout lui pardonner juste pour contempler son visage. Tellement frustrant ! « Mon esprit n’était pas de la race des conquérants, mais de l’espèce des vaches qui paissent dans le pré des factures en attendant le passage du train de la grâce ? Comme il était bon de vivre sans orgueil et sans intelligence. J’hibernais. » La plume de l’auteure est singulière. Simple, fluide et cynique. Totalement crue. Pleine de phrases qui m’ont atomisé le cerveau et poussée à la réflexion. Elle a vraiment un humour noir, aussi sombre que les chiffres pythagoriens qu’elle écrit de son encre carbone. Mais vraiment. Son écriture est crue, elle n’hésite pas à entrer dans l’autodérision en se rabaissant de manière cruelle. N’ayant pas l’habitude de lire des romans tels celui-ci, cela m’a beaucoup marquée. L’écriture à la première personne du singulier ajoutée au tout, le mélange donne un roman qui nous fait éprouver des émotions surprenantes. Un étonnement à des moments les plus inattendus, de la pitié, de la colère, de l’injustice et, évidemment, il provoque aussi la réflexion. Ce livre est bien sinistre. Mon premier Amélie Nothomb, et pas le dernier. A lire si vous vous sentez trop optimiste.
4 Commentaires
Plume
23/8/2015 07:55:52
J'ai beaucoup apprécié ce livre, que j'ai lu en une soirée. Cette façon que l'auteure a de narrer son histoire m'a beaucoup plu.
Réponse
24/8/2015 06:10:00
C'est vrai que sa narration est assez originale (je ne lis pas tellement de livres de ce style, c'est peut-être un peu pour ça mais seulement ^^)
Réponse
Cupcake
28/8/2015 03:54:25
Ah... Cette très chère Amélie Nothomb...
Réponse
Une plume mélodieuse
28/8/2015 10:48:07
Un début surprenant, c'est vrai ! Donc je lirai Cosmétique de l'ennemi, "on" me l'a conseillé ;)
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