Auteure : Jodie Picoult Editeur : Michel Lafon Nombre de pages : 605 Prix : 19.95€ Parution : janvier 2016 Quand votre fils ne vous regarde jamais dans les yeux… comment savoir s’il est coupable ? Adolescent atteint du syndrome d’Asperger, Jacob Hunt ne possède pas le mode d’emploi pour communiquer avec les autres. Enfermé dans sa bulle, il est pourtant d’une intelligence prodigieuse. Un sujet le passionne plus que tout : la criminalistique. Il parvient souvent à se rendre sur des scènes de crime, où il ne peut s’empêcher d’expliquer aux policiers comment faire leur travail. En général, il tombe juste. Mais lorsqu’un assassinat se produit dans le quartier, l’attitude de Jacob est un signe flagrant de culpabilité pour la police. Pour la mère et le frère de Jacob, l’intolérance et l’incompréhension qui ont toujours menacé leur famille ressurgissent brutalement. Et cette question lancinante, qui ne laisse pas leur âme en paix… Jacob a-t-il, oui ou non, commis ce meurtre ? Ma note : 4/5 Merci à Michel Lafon et à Camille pour ce beau pavé, arrivé un beau soir chez moi et déballé avec grand plaisir. « Le syndrome d’Asperger est un trouble du développement affectant la manière dont le cerveau traite les informations. Il s’agit d’une forme d’autisme dite de haut niveau. Les porteurs du syndrome d’Asperger sont souvent très brillants, très doués, à la différence des autistes profonds, qui ne communiquent pas du tout. Ils souffrent cependant de déficiences handicapantes dans le domaine de l’interaction sociale. » A l’intérieur, c’est avant tout un livre sur le syndrome d’Asperger, dont est atteint le personnage principal, Jacob. Ci-dessus une petite citation du livre qui explique très bien, d’après moi, en quoi il consiste. Je rajouterai que Jacob a besoin d’une routine pour se sentir maître de la situation, donc ne pas faire de « crises ». L’auteure utilise, comme narration, cinq points de vue différents. Tous nous apportent beaucoup, et nous permettent surtout de voir Jacob de différentes manières. La sienne, qui paraît tellement innocente. Celle de sa mère, qui donne sa vie pour s’occuper de lui. Son frère, tiraillé par la gêne, l’énervement et l’amour fraternel. Un avocat et un inspecteur de police, qui tour à tour gèrent ses crises et sont impressionnés par son savoir. Les Asperger ont l’impression que le monde tourne autour d’eux, dit-on. Ils ne peuvent se mettre à la place des autres. Jodi Picoult rend très bien la première affirmation : Jacob est le nombril du récit, de son monde. Mais elle nous force à nous glisser dans la peau d’autres personnages, nous faisant éprouver leurs émotions. « Quand il est absorbé par une scène de crime, une bombe nucléaire pourrait exploser à ses pieds, il ne remuerait pas un cil. » La plume de Jodie Picoult m’a surprise. Pas que je m’attendais à quelque chose de particulier en provenance de celle-ci. Mais sa manière d’être était juste surprenante : fluide, tout en étant une mine d’informations. L’auteure nous délivrait par intermittence un savoir encyclopédique, nous submergeait par ces connaissances gargantuesques. Criminologie, autisme, paléontologie, pomologie… Tout y passe, même la suite de Fibonacci. On peut avoir ainsi l’impression que ce roman est surtout documentaire, plein d’informations, mais c’est avant tout une ode à l’amour. Le roman, en effet, est rempli de mots frappants, poignants ; et passe très facilement les émotions des personnages. Il appelle à notre cœur, nous touche sans que l’on s’en rende vraiment compte. Mais surtout, il parle du syndrome d’Asperger d’une manière vraie et crue. Etonnante, parfois même choquante. Avant tout vraie, en restant créative. Et c’est ça qui nous frappe, qui nous touche. L’approche de l’Asperger par l’auteure. « On passe tellement de moments superficiels avec les gens. On se rappelle qu’n les aimait bien, mais on ne se souvient pas des détails. » Moi qui n’aime pas vraiment les thrillers, celui-ci m’a encore bien plu. Pas un coup de foudre, c’est vrai. Mais après tout, il en faut beaucoup pour me plaire, dans les thrillers. Tournant autour du thème de la criminologie, le récit, dans lequel le personnage principal est accusé de meurtre, est vraiment intéressant. On suit en réalité une véritable enquête judiciaire, de la découverte du cadavre jusqu’au plaidoyer de l’avocat au tribunal, en passant par l’investigation de la police. Des rebondissements plus ou moins attendus nous gardent en haleine, tandis que nous suivons, toujours indécis, les personnages. Dès lors que nous croyons tenir quelque chose, l’auteur virevolte avec agilité et nous fait croire le total contraire. A force, cela nous lasse, et les personnages deviennent répétitifs. On commence à comprendre le schéma de l’histoire, donc on anticipe les réactions. Mais Jodie Picoult nous montre ainsi le caractère instable mais routinier et prévisible de l’être humain, dont on ne peut changer l’essence. La fin, elle aussi, m’a frustrée. Je l’ai trouvée un peu « facile », attendue malgré tout. L’auteur nous a fait emprunter de nombreux détours avant d’y arriver, ce qui devenait monotone à force. En résumé, un roman vraiment surprenant au niveau de la plume, qui regorge de connaissances, et qui permet d’approcher le syndrome d’Asperger d’une manière honnête, directe et originale.
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