Maxence Fermine – Michel Lafon – 252 pages – octobre 2016. Hugo Mars, 17 ans, n’est pas un garçon comme les autres. Atteint d’un mal étrange, le syndrome du papillon, il est interné en hôpital psychiatrique. Mais la vie est parfois surprenante. Car c’est là qu’il fait la plus belle rencontre de son existence. Celle de Morgane Saint-James, une jeune fille aux cheveux roux et aux yeux verts, gothique et lunaire… Hugo tombe aussitôt sous son charme. Jusqu’à ce que la jeune fille disparaisse… Tous mes remerciements vont à Michel Lafon et Camille Groelly, la réception de ce livre m’a mise dans une grande joie. Le résumé est, à mon goût, un peu trompeur, et en a certainement déçu plus d’un. Il peut laisser entendre suspens et enquêtes à la façon d’un roman policier, ou bien une poésie mystique suggérée par un titre sibyllin. Mais finalement, c’est plutôt une simple et douce romance destinée à la jeunesse. « Les autres, on fait que les effleurer, les supporter ou, pire, les subir. Surtout les subir. Les gens bien, c’est comme les trèfles à quatre feuilles : on en trouve si peu sur son chemin qu’on finit par se demander s’ils existent vraiment. » Honnêtement, la plume de Maxence Fermine ne m’a pas plu. Elle est très banale, très simple. Et un peu paradoxale : l’auteur a écrit son livre dans un « langage parlé » (pas de double négation, langage familier), certainement pour rapprocher le lecteur du personnage. Pour que le lecteur s’identifie mieux au personnage, peut-être ; ou bien donner une certaine naïveté au personnage principal. Mais ce « langage parlé » casse la poésie que l’auteur semble chercher à atteindre dans chacun de ses mots, comme il l’avait fait avec Zen. Chez John Green, un autre écrivain contemporain, ce langage fait sa force : il y mêle avec réussite des phrases percutantes à la poésie singulière. Maxence Fermine semble chercher à atteindre cette harmonie présente chez John Green, mais le résultat est maladroit. Notons aussi que ce livre regorge de clichés. Cela donne une lourdeur au livre, quelque chose de superficiel qui déçoit beaucoup. D’écriture spontanée, on en vient presque à considérer le roman comme superficiel. « C’est peut-être ça qui m’a plu. Une façon tendre, décalée et poétique de parler de choses qui ne le sont pas. » La lecture du livre tout entier se vaut par le caractère, l’essence des personnages. Ils sont incroyables, tant Max que Morgane : tous deux terriblement originaux, naturels et envoûtants. Leur personnalité se comprend leurs discussions. A la fois spontanées et réfléchies, elles sont parsemées de références littéraires, scientifiques et de questions. On retrouve alors, à mots couverts, L’Écume des jours de Boris Vian, ou de manière plus explicite, ce poète de génie avide de liberté qu’est Rimbaud. Ces références ajoutent un certain charme au livre. L’auteur traite avec délicatesse certaines thématiques qui peuvent être difficiles actuellement, voire mêmes sensibles. Il en va ainsi pour le syndrome d’Asperger, de l’hôpital psychiatrique et des SDF. La manière qu’a l’auteur de réhabiliter ces thèmes, et sa volonté de nous faire poser dessus un regard nouveau, ne peuvent qu’être saluée. « Je voulais pas finir dans la peau d’un adulte. C’est plutôt triste quand on y pense. Ils ont jamais le temps pour rien et dont que des choses futiles, comme gagner de l’argent, acheter une nouvelle voiture ou prendre du galon. On dirait qu’on les a amputés du cœur. » Mais avant tout, ce livre parle du passage à l’âge adulte. De la peur de l’enfant à avoir des responsabilités, de sa volonté de rester innocent et téméraire. Peut-être même de la négligence des adultes envers leurs responsabilités, ce qui pourrait expliquer la crainte de l’enfant. Le syndrome du papillon, c’est un adolescent qui ne veut pas grandir, c’est un enfant qui ne veut pas choisir. Entre clichés et originalité, superficialité et réflexion, ce livre est plutôt étrange. Il fera toutefois grand plaisir à une jeunesse rêveuse, un peu déconnectée de la réalité.
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