Auteur : Yasmina Khadra Éditeur : Julliard Nombre de pages : 187 Prix : 18€ Date de parution : 2002 Dans un Afghanistan en ruine où de vies et d’espoir ne reste que l’illusion, nous sommes emportés par deux personnages : un gardien de prison fataliste et un érudit égaré. Mais d’eux ne reste d’une errance titubante et fantomatique dans une vie absurde au sens qui leur échappe. Ils sont perdus, ensorcelés par Kaboul. « Les jours passent, pachydermes indolents. Atiq ballotte entre l'incomplétude et l'éternité. Les heures s'effacent plus vite que les flammèches : les nuits se veulent aussi infinies que les supplices. » Et à travers eux, nous apprenons Kaboul. Nous sommes spectateurs de la dépravation d’une population et d’un lieu de vie autrefois resplendissants ; d’une omnisciente corruption ; d’une hallucinante discrimination et d’un fanatisme religieux source d’endoctrinement. « Laisse-la crever. Je t'assure qu'elle est à sa place là où elle est. Après tout, ce n'est qu'une femme. » Mais surtout, l’auteur, par une plume de sociologue à la fois douce, poétique et réaliste (bien que complexe, par la richesse de son vocabulaire notamment), nous aspire dans un questionnement sur la femme, sa place, ses droits. Le sexisme est encore présent dans les sociétés occidentales, mais il n’est rien dans celles-ci par rapport à certaines sociétés (Somalie, Congo), dont plusieurs arabes (Afghanistan, mais aussi Yémen, Arabie Saoudite et d’autres encore). « Comment a-t-elle pu accepter d'enfiler ce monstrueux accoutrement qui la néantise, cette tente ambulante qui constitue sa destitution et sa geôle, avec son masque grillagé taillé dans son visage comme des moucharabiehs kaléidoscopiques, ses gants qui lui interdisent de reconnaître les choses au toucher, et le poids des abus ? » Entre visions hallucinées et désespoir routinier mais non moins puissant, nous sommes hypnotisés par une plume complexe et épurée, sublime. Les hirondelles de Kaboul fait partie de ce genre de livre qui, tout en fascinant, aberre par la réalité qu’il dévoile. A lire, absolument !
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Novembre 2016
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