Auteur : Jean-Claude Carrière Genre : Théâtre Editeur : Flammarion Prix : 4.40€ Pages : 80 Parution : mars 2013 Dans un couvent de Valladolid, quelque soixante ans après la découverte du Nouveau Monde, deux hommes s'affrontent dans un débat passionné : les Indiens sont-ils des hommes comme les autres ? Pour le dominicain Las Casas, ardent défenseur de la cause indienne, cela ne fait aucun doute : les Espagnols, avides de conquête, ont nié l'évidence, assujettissant et massacrant les indigènes par millions. Face à lui, le philosophe Sépulvéda affirme que certains peuples sont nés pour être dominés. Tous deux s'entendent sur un point : le nécessaire salut des âmes. L'issue de cette confrontation, déterminante pour des millions d'hommes, pourrait bien être surprenante... Ma note : 3.5/5 J’ai dû lire ce livre pour les cours dans le cadre des réécritures. Rapide, aisé, et de tout ce qu’il y a de plus intéressant. Mais surtout, choquant. « Eh bien ? Parce qu'ils n'adorent pas l'or et l'argent au point de leur sacrifier corps et âme, est-ce une raison pour les traiter de bêtes ? N'est-ce pas plutôt le contraire ? » On connaît tous l’Histoire. Les conquêtes en Amérique. L’esclavage, la maltraitance que les Indiens ont subis. Mais mettre des mots sur ces actes change complètement notre vision. Les phrases sont bouleversantes et stupéfiantes. Révoltantes. Un manuel d’histoire, qui nous décrit rapidement et superficiellement une période historique, ne vaut rien, comparé à un témoignage rempli d’une horrible vérité. Encore une fois, la magie des mots est présente et agit. Elle frappe les esprits, les emplis de ces injustices, qui tournent alors sans fin dans les pensées. Bourrasques de malheur et d’incompréhension, de révolte et de tristesse, ces phrases tranchantes témoignent d’une réalité cruelle, nous touchent et font réfléchir. « Quelquefois, ils préfèrent mourir, ils se jettent dans des ravins. Mais la vie d'un homme n'est rien, pour eux. On dirait qu'ils se tuent pour passer le temps. » Aujourd’hui, la réponse à ce débat nous paraît totalement naturelle. La poser semblerait même révoltant. Mais ce n’est pas le cas à l’époque. La question est problématique, car exploiter les hommes gratuitement arrange tout le monde. Y compris l’empereur d’Espagne, Charles Quint, auquel il est difficile de refuser quoi que ce soit. Ainsi, Sépulvéda, défenseur calme et réfléchi de l’esclavage indien, nous semble scandaleux et intolérant. Même si de nos jours, l’égalité est loin d’être appliquée partout sur Terre, tout le monde est humain. L’asservissement d’autrui ne l’est pas. « J'ai vu des cruautés si grandes qu'on n'oserait pas les imaginer. Aucune langue, aucun récit ne peut dire ce que j'ai vu. » Malgré sa réécriture en pièce de théâtre et son dynamisme, ce livre semble parfois avoir quelques longueurs. L'attention s'en détache parfois, peut-être à cause des incessantes coupures de Las Casas - qui toutefois semblent justifiées -, ou bien du ton trop flegmatique de Sépulvéda. Qui peut beaucoup énerver, surtout actuellement, alors qu'une des plus importantes valeurs de la République est l'égalité. Ecrit sous forme de pièce de théâtre, ce livre est donc bref et concis, il va à l’essentiel en restant très facile à lire. Succession d’arguments qui nous prennent autant par la raison que les sentiments, il choque. Ebahit. Et fait bouger les neurones. A travers une toile purement historique, nous sommes donc confrontés à la réalité de l’Histoire ; à une époque que nous connaissons sans vraiment connaître. Avide de faits historiques, ou tout simplement curieux, pourquoi n'essaierez-vous pas ? Après une longue absence due à une panne d'écriture, me revoilà enfin. Je m'excuse de ne pas avoir posté jusqu'à aujourd'hui, je ferai de mon mieux pour que cela n'ait plus lieu.
Je clos donc cette petite parenthèse excuse-et-histoire-de-ma-vie, et espère que vous avez apprécié cette chronique qui sort de mon genre de lectures habituel.
2 Commentaires
Antoine
12/12/2015 14:40:22
Je trouve que ta notre est un peu contradictoire avec le commentaire de fin ''Très bon livre !''.
Réponse
Une plume mélodieuse
12/12/2015 15:29:10
Et tu as parfaitement raison de le penser, je me suis trompée d'image ^^' Je modifie ça, merci de l'avoir remarqué !
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